Ērān ud Anērān
Das Iranische Reich der Sasaniden (3.- 7. Jh. n.Chr.)
Studien zu den Beziehungen zwischen dem Sasanidenreich und der Mittelmeerwelt
Beiträge des Internationalen Colloquiums in Eutin, 8.-9. Juni 2000
"Lange Zeit hat man das iranische Reich der Sasaniden (3.-7. Jh.) nahezu ausschließlich als militärischen Gegenspieler von Römern und Byzantinern wahrgenommen. Der Tagungsband macht dagegen die Vielfalt der politischen, wirtschaftlichen und kulturellen Kontakte zwischen Ost und West sowie der römischen Iran- und der iranischen Rombilder ebenso deutlich wie die Spezifika des östlichen Reiches (...)"
"Bei den Beiträgen dieses Sammelbandes handelt es sich um die überarbeiteten Vorträge eines Internationalen Colloquiums, das am 8. und 9. Juni 2000 in Eutin in Holstein stattfand. Veranstalter waren die Forschungsgruppe "Monde Iranien" des CNRS, Paris (Ph. Huyse) und das Institut für Klassische Altertumskunde der Universität Kiel (J. Wiesehöfer).
Im Mittelpunkt der Tagung, die sich Fragen der Beziehungen zwischen dem sasanidischen Iran und dem Imperium Romanum widmeten, standen folgende thematischen Schwerpunkte bzw. folgende Leitfragen:
1. "Rom in Iran und Iran im Imperium Romanum": Diplomatische Beziehungen, militärische Auseinandersetzungen, wirtschaftlicher Austausch und persönliche Kontakte zwischen Römern/Griechen und Iranern vom 3. bis 7. Jh. n.Chr.;
2. "Außen- oder Gegenwelt?" Römische Sasaniden- und sasanidische Rombilder;
3. "Ex oriente et ex occidente lux." Westliches Wissen und westliche Ideen in Iran und östliches Wissen und östliche Ideen im Mittelmeerraum." (...)
(op. cit., ibid., S. 7)
Statt einer Einleitung: "Randkultur" oder "Nabel der Welt" ? Das Sasanidenreich und der Westen. Anmerkungen eines Althistorikers
Josef Wiesehöfer (Kiel)
"Die Beiträge des vorliegenden Bandes legen beredtes Zeugnis davon ab, wie zahlreich, vielfältig und z.T. auch wirkmächtig die politischen, wirtschaftlichen, religiösen und kulturellen Beziehungen zwischen dem Sasanidenreich und dem Westen (dem Imperium Romanum und Byzans) gewesen sind. Daß sich Historiker, Philologen, Archäologen und Religionswissenschaftler in inter- bzw. transdisziplinärem Austausch dieses Themas annehmen, ist ein eher rezentes Phänomen, begünstigt zum ersten durch das entsprechende methodische wie inhaltliche Vorbild der Achaimeniden- und Partherforschung, zum zweien durch allgemeine Tendenzen in allen Disziplinen, die Begrenztheit des eigenen Gesichtsfelds und der eigenen intellektuellen Voraussetzungen sowie die Vorzüge des fachfremden Blicks anzuerkennen. Drittens schließlich vermögen neuere Untersuchungen zu imagined communities, zu Fremdenbildern, Transkulturalität, Regionalität und Ethnizität, wissenschaftliche Anregungen zu geben. Wie sehr alle "Grenzüberschreitungen" von West nach Ost und von Ost nach West vom disziplinären und konzeptionellen Einreißen von Mauern oder Grenzzäunen profitieren und zu neuen Einsichten verhelfen können, und wie wichtig dabei die Mitarbeit universalhistorisch arbeitender Althistoriker sein dürfte, sei im folgenden anhand einiger allgemeiner Überlegungen erläutert. (...)"
(op. cit., Wiesehöfer, Josef, Statt einer Einleitung: "Randkultur" oder "Nabel der Welt" ? Das Sasanidenreich und der Westen. Anmerkungen eines Althistorikers, ibid., S. 9)
Note de Glyptique Sassanide. 6. Le Phénomène des Motifs Iconographiques communs à l' Iran Sassanide et au Bassin Méditerranéen
Rika Gyselen (C.N.R.S., Paris)
"En feuilletant des catalogues de sceaux sassanides, le regard s'arrête de temps en temps sur un objet qui se distingue des autres sceaux présentés. Cette différence est parfois due au style, parfois au motif. L'avancement des études sigillographiques ne permet pas encore d'utiliser systématiquement le critère du style pour attribuer un sceau à une "école". D' ailleurs, la notion d' "école" reste extrêmement floue. En revanche, le répertoire iconographique défini comme "sassanide" est suffisamment bien établi pour pouvoir reconnaître des motifs qui n'en font pas du tout partie; toutefois, il faut être prudent avec des motifs qui ne sont attestés que par un seul sceau. Certains motifs se reconnaissent immédiatement comme "étrangers", en particulier de type "méditerranéen", c'est-à-dire des motifs qu'on retrouve sur des sceaux romains et gréco-égyptiens. Si beaucoup de ces motifs sont de toute évidence empruntés au répertoire méditerranéen, pour d'autres il reste assez difficile d'en déterminer l'origine exacte. Le problème ne se pose pas seulement pour les sceaux sassanides, mais aussi pour les sceaux romains. Les collections des musées reflètent clairement cette hésitation dans l'attribution de certains sceaux. En effet, il n'est pas rare de trouver dans un catalogue de sceaux "classiques" un objet qui de toute évidence est sassanide. Ces sceaux sassanides sont restés dans les collections consacrées au monde classiques au lieu d' être envoyés dans le département des antiquités orientales ne présentant pas de critères explicites de leur appartenance sassanide, soit qu'ils ne portent pas une inscription pehlevie, soit qu'ils ne sont pas de facture spécifiquement sassanide.
Au stade actuel des connaissances il faut se restreindre à mettre en œuvre des sceaux sassanides dont l'origine est certaine, c'est-à-dire qui portent une inscription en pehlevi, ou qui sont de facture typiquement sassanide, des dactylioïdes et des ellipsoïdes. Une fois cette restriction effectuée, on peut se pencher sur un certain nombre de sceaux sassanides qui portent des motifs qu'on trouve aussi sur des sceaux romains ou gréco-égyptiens. Ces derniers sont souvent inscrits en grec et leur répertoire iconographiques appartient en grande partie à la tradition égyptienne. Certains pourtant portent un motif sans allusion directe au panthéon égyptien. La raison d' être de ces sceaux gréco-égyptiens semble la plupart du temps être d'ordre magique. Les sceaux romains, quant à eux, ne portent que rarement des inscription. Leur facture est souvent comparable à celle de sceaux sassanides: des chatons ou des cabochons, en cornaline ou en (sard)onyx.
Nous ne reviendrons pas ici sur l' histoire des relations culturelles du monde iranien avec la Méditerranée. Ces contacts avec le monde grec remontent à l'époque achéménide et en particulier à la conquête de l' Asie Mineure par les Achéménides. Puis, à la suite de la conquête de l'Orient par Alexandre le Grand, les influences hellénistiques se sont amplifiées dans l'ensemble du territoire iranien. Après la disparition du grand conquérant, l'élément culturel grec reste vivant dans la culture des plusieurs dynasties "greques" qui réussissent´`a s' établir en Orient, en particulier les Séleucides en Syrie-Mésopotamie et les Grecs en Bactriane. L'archélogie a apporté de nombreuses preuves du syncrétisme qui s' était opéré entre les éléments hellénistiques et loceaux. Il est difficile d' évaluer le poids de cette tradition grecque en Mésopotamie au moment où la dynastie sassanide (224-651 de notre ère) prend le pouvoir. En revanche, il est évident que dans les régions à l'est de l' Iran, l' hellénisme est encore très vivant. Il y est cependand caractérisé par un fort syncrétisme avec la culture iranienne de ces régions qui a connu une autre évolution que celle de l' Iran intérieur, et a, en outre, subi aussi l' influence du sub-continent indien. En l' état actuel de nos connaissance, il reste souvent impossible de préciser d' où provient exactement l' influence "occidentale" en Iran sassanide: d' une survivance locale, en particulier en Mésopotamie, d' une influence directe de l' est iranien dont les Sassanides annexent de grandes parties, ou du contact direct qu'ont établi les Sassanides avec la culture de la Méditerranée ? (...)"
(op. cit., Gyselen, Rika (C.N.R.S., Paris), Note de Glyptique Sassanide. 6. Le Phénomène des Motifs Iconographiques Communs à l' Iran Sassanide et au Bassin Méditerranéen, ibid., p. 83-84)
Exemplaire: Motifs Iconographiques
I. Motifs Empruntés au Répertoire Iconographice Classique
- Sceau Sassanide avec le Motif "Occidental" de Léda et le Cygne
"Ce motif de l'union de Léda et du cygne est bien connu dans l' iconographie du monde occidental et connaît à l' époque romaine et jusqu' à la fin de l' Antiquité un immense succès. On le trouve aussi sur un sceau qui porte une inscription pehlevie (fig. 1). On y voit une Léda nue à moitié étendue sur un rocher. Un grand cygne avec des ailes déployées est assis entre ses jambes et l' embrasse. En comparant l' exécution du motif sur le sceau sassanide avec des motifs analogues sur des sceaux romains (fig. 2), on est frappé par l' analogie de la composition, mais aussi par le schématisme de l' exécution sassanide. Sur le sceau sassanide le personnage ne présente aucun trait typiquement féminin et on ne distingue pas non plus l' habituel drapé qui couvre la jambe gauche et le bras droit de Léda. De plus, l' aile droite du cygne est atrophiée. Il est impossible de décider si la pauvreté de la gravure est due au fait que le graveur a imité un motif dont il ne comprenait pas tous les aspects, ou si la raison est tout simplement le talent médiocre du graveur.
Un argument en faveur de l' importation de ce sceau dans le milieu sassanide est l'endroit où est placée l' inscription. Celle-ci est gravée sur le biseau du chaton, une pratique qui est tout à fait inhabituelle sur les sceaux sassanides, mais qu' on retrouve sur certains sceaux romains. En revanche, le contenue de l' inscription - rāstīh pahlom "la droiture est parfaite" - est des plus habituels et ne semble pas, à première vue, aller de pair avec une iconographie particulière.
A priori, rien ne nous indique comment le contenu iconographique a été perçu par le sassanide qui a acquis ce sceau. Mais le même problème se pose aussi du côté romain où ce genre de scène est rarement accompagné d'une inscription. Il faut donc se résoudre provisoirement à la simple présentation de cette analogie iconographique. (...)"
(op. cit., ibid., p. 87-88)
Fig. 1. Sceau sassanide avec Léda et le cygne. Chaton en onyx. Department of Western Asiatic Antiquities, British Museum, n° d'inv. 006985. Photo British Museum.
Fig. 2. Sceau romain avec Léda et le cygne. Cornaline. 2 x 19 x 14 mm. Rijksmuseum Het Koninklijk Penningkabinet, Leiden, n° d'inv. 2040. Photo d'après Maaskant-Kleibrink 1978, no. 288b.
II. Motifs de Sceaux Sassanides et Occidentaux Présentant des Analogies Troublantes
- Les Êtres Composites à Corps d' Aigle avec un, deux ou trois Visages Humains
(1) Aigle et deux Visages Humains
Fig. 17. Sceau sassanide avec aigle dont les ailes sont remplacés par des visages humains. Sardonyx. Fitzwilliam Museum, Cambridge. Photo d' après Henig, Whiting, Scarisbrick 1994, no. 231.
Fig. 18. Sceau sassanide avec aigle dont les ailes sont remplacés par des visages humains. Dactylioïde en jaspe (rouge et gris). 13,8 x 17,4 x 14,3 mm. Staatliche Münzsammlung, München, n° d' inv. A 2387. Photo de l' auteur d' après un moulage gracieusement fourni par la Staatliche Münzsammlung München.
Fig. 19. Sceau sassanide. Ellipsoïde en jaspe fleuri. 13,7 x 16,5 x 11,2 mm. Collection Mohsen Foroughi. Photo de l'auteur.
Le fanon derriére la tête a été compris comme un monogramme ∆A ou A∆ par ceux qui ont publié ce sceau, ce qui leur fait dire que la lettre ∆ place le sceau dans un milieu grec, sceau qu'ils datent du 1er siècle avant notre ère. Pour les sigillographes habitués à l' iconographie sassanide il ne fait aucun doute qu' il s' agit bien d' un ruban de diadème.
On trouve ce même motif sur un dactylioïde en jaspe rouge et gris dans la collection de la Staatliche Münzsammlung à Munich (fig. 18). Non seulement la facture du sceau le détermine comme sassanide, mais aussi la présence d' une inscription en pehlevi. Celle-ci est gravée dans une jolie écriture lapidaire dont la lecture est aisée - m ' dgwšyl (m ou p ?) y - mais pas l' interprétation. Qu' il s' agit bien d' un motif d' origine iranienne est corroboré par un autre sceau sassanide en jaspe fleuri de forme ellipsoïde (fig. 19). Sur ce sceau, l' aigle dont les deux ailes ont été remplacées par un visage humain pose ses griffes sur deux petits oiseaux, thème qu' on retrouve sur d' autres sceaux sassanides (...)"
(op. cit., ibid., p. 98-99)
(2) Aigle et un Visage Humain
Fig. 20. Sceau sassanide avec aigle dont le corps est un visage humain. Ellipsoïde en calcédoine. 14 x 17 x 19 mm. Metropolitan Museum of Art, New York, n° d' inv. 99.22.59. Photo d' après Brunner 1978, p. 105, no. 97.
Fig. 21. Sceau romain avec aigle dont le corps est un visage humain. Kunsthistorisches Museum, Vienne, no. d' inv. XI B 483. Photographie d' après LIMC, IV, 1988, p. 166, 266.
On trouve le même motif sur une série de sceaux qui sont de toute évidence d' origine occidentale (fig. 21). Ici, le motif a été compris comme une représentation de Ganymède enlevé par l' aigle. L' origine sassanide du premier sceau, un ellipsoïde en calcédoine, ne fait pas de doute. Il faudrait donc en conclure que les deux motifs aient pu exister dans la glyptique occidentale et sassanide avec une signification différente, si toutefois l' interprétation de Ganymède enlevé par l' aigle peut être confirmée (...)"
(op. cit., ibid., p. 99)
(3) Aigle et trois Visages Humains
Fig. 22. Dactylioïde en jaspe. 12,8 x 17,5 x 16 mm. Collection J. Rosen, New York. Photo de l' auteur d' après un moulage gracieusement fourni par J. Rosen.
Fig. 23. Dactylioïde en jaspe. 12,7 x 16,7 x 15 mm. Collection Mohsen Foroughi. Photo de l' auteur.
Fig. 24. Dactylioïde en jaspe vert. (9,4 x) 12,5 x 11,3 mm. Collection Mohsen Foroughi. Photo de l' auteur.
Fig. 25. Dactylioïde en jaspe vert. 11 x 15,2 x 14,4 mm. Collection Mohsen Foroughi. Photo de l' auteur.
Fig. 26. Dactylioïde en agate brun et blanc. 18,8 x 23, 3 x 20 mm. Cabinet des Médailles, Bibliothèque nationale de France, n° d' inv. D 3730 (1855). Photo d' après Gyselen 1993, 40.C.10.
Bien qu' il n' existe aucun moyen de prouver que les trois motifs aient eu une signification analogue, il ne fait aucun doute qu' ils appartiennent à une même tradition iconographique. Jusqu'à présent, on n' a jamais trouvé d' empreinte d' un tel sceau sur une bulle adminitrative et aucun sceau de mage ne porte ce motif. Il ne semble donc pas téméraire de considérer que ce motif a un fort caractère prophylactique, et peut-être magique, bien qu' aucune preuve explicite ne vienne appuyer une telle hypothèse.
Ces quelques rapprochements entre l' iconographie de quelques sceaux sassanides avec des motifs gravés sur des sceaux occidentaux mettent en évidence la complexité des influences culturelles entre l' aire culturelle sassanide et les civilisations qui ont fleuri autour de la Méditerranée. C' est en particulier dans le registre des motifs à caractère magique que les analogies sont intéressantes. Les sceaux gréco-égyptiens qui présentent des motifs dont on retrouve des variantes dans la glyptique sassanide, datent des premier siècles de notre ère et s' inscrivent dans un fort engouement pour les pratiques magiques. Du côté sassanide, on commence seulement à entrevoir une situation similaire."
(op. cit., p. 100-101)